Simone de Beauvoir “On ne naît pas femme, on le devient”

Spectacle de la Compagnie professionnelle Arts en Scène Méditerranée (PACA) vu le jeudi 17 juillet 2024 au Au Palace (84) à 19h30 dans le cadre du Festival OFF d’Avignon 2024.

 

Distribution : Brigitte Bladou

Texte : Brigitte Bladou

Mise en scène : François Bourcier

Type de public : Tout public à partir de 12 ans

Genre : Théâtre, biographie

Durée : 80min

Au travers des cinq tableaux : de l’enfant confiante à l’adolescente insouciante, de la femme autonome à la femme déterminée qui devient engagée, Brigitte Bladou retrace la vie de Simone de Beauvoir. Une femme qui ose ce que la plupart des autres ont peur de faire : être libre.

Brigitte Bladou nous plonge dans un Paris festif et joyeux du XXᵉ siècle, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, un endroit très bourgeois, où tout semblait envisageable et possible. Elle représente parfaitement Simone de Beauvoir en racontant avec humour et vivacité ses amours, ses passions, ses luttes politiques en faveur des droits des femmes et des droits sociaux, une actualité très vive, car être libre, c’est être libre pour les autres.

Dans un environnement minimaliste et varié, Brigitte Bladou représente parfaitement Simone de Beauvoir, une femme complète et complexe. Son monologue réussit à nous immerger dans sa vie, celle de sa sœur, de ses amis et de ses amants.

Elle se livre dans un monde rempli de liberté et d’aventures dans des temps forts de notre histoire. La vie d’une femme qui est l’avant-garde de son époque. Sur scène, elle remplit l’espace et le temps grâce à la direction de François Bourcier. Il met en évidence la complexité de la vie de Simone.

Cependant, je ne pense pas que des fans de Simone de Beauvoir vont apprendre quelque chose de plus. Je ne suis pas sortie de la salle avec énormément d’émotion, un peu déçue. Tous ses combats ne sont pas suffisamment développés et manquent de cachet comparé aux histoires avec ses amants et surtout son couple libre avec Sartre.

Elle a vendu beaucoup plus de livres que Sartre, je ne comprends pas pourquoi tout tourne autour de lui. Alors, qu’elle ne parle pas assez de l’écriture de ses récits, comme le deuxième sexe. Il fait référence au fait que les femmes doivent être indépendantes financièrement, or dans le monologue de Brigitte Bladou, elle explique que c’est parce qu’elle n’est pas jolie, qu’elle n’attire pas d’hommes qu’il faut qu’elle soit indépendante. Je pensais prendre part au combat des femmes. La fin peut paraître frustrante, ce qui est vraiment dommage puisque l’écriture de Brigitte Bladou nous immerge totalement.

De plus, les petits problèmes techniques font défaut au talent de la comédienne. Peut-être n’est-il plus tout à fait contemporain.  

Et puis, je ne pense pas qu’il faut négliger le côté problématique de Simone de Beauvoir et de Sartre.

Mai 68, c’est une époque où la sexualité est au cœur de tous les débats. Certaines libertés sont proclamées pour “le bien du développement de la société”. En 1977, une tribune est créée et signée par 69 intellectuels, dont Sartre, pour relaxer 3 hommes accusés d’abus sexuels sur des mineurs de moins de 15 ans. Une autre tribune de 80 signataires, avec Sartre et Beauvoir, pour la décriminalisation d’actes sexuels entre adultes et enfants de moins de 15 ans.

Bianca Lamblin dans Mémoires d’une jeune fille dérangée, relève le fait qu’elle abusait de ses élèves mineures avec Sartre. Et puis, dans Beauvoir dans tous ses états, Ingria Galster révèle que Simone de Beauvoir a été amenée à travailler comme metteuse d’onde pour Radio Vichy, la radio nationale de la France occupée sous le régime nazi.

Ce sont des choses à savoir avant d’aller voir ce spectacle pour comprendre la complexité du personnage de Simone.

Chronique réalisée pour Vivant Mag, association d’Aide à la Diffusion Interrégionale du spectacle vivant.

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